bb2, entre angoisse et désir
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J'ose à peine le penser, et encore moins le dire, j'ai l'impression d'être une hors la loi sur le point de commettre un crime, j'ai presque l'impression de trahir les miens, me trahir moi même, et qu'à l'instant ou je formulerais à haute voix mes propos, tous les regards seront braqués sur moi, mais voilà, je ne peux plus fermer les yeux sur cette vérité :
Je pense à avoir un deuxième bébé.
Voilà, c'est dit, je sens des milliers de petits cailloux s'abattre sur moi, OUI, je sais, c'est tôt.
Ma fille n'à pas tout à fait onze mois, mais elle a presque 1 an !
Elle ne fait pas ses nuits, mais elle se réveille de plus en plus rarement.
On fait toujours du cododo, mais on adore ça.
Elle est toujours allaitée, mais elle en a besoin.
Je vais bientôt avoir une augmentation de salaire et une grossesse l'en empêcherai, mais ça serait compensé par des aides de la CAF supplémentaires.
J'aurais encore moins de temps pour moi, mais ce n'est qu'une question d'organisation.
Et si je n'arrivais pas à m'occuper de deux enfants ? Mais en réalité je le fait déjà 35h/ semaine, c'est mon travail et je m'en sors très bien.
Et si Alice le prenait mal ? Mais elle adore les autres enfants.
Et si ça prenait autant de temps que pour Alice ? Oui mais je sais que ça peut marcher.
Et si je refaisais une fausse couche ? Mais maintenant je sais qu'avec un traitement on peut l'éviter.
J'ai peur, mais, j'ai envie.
Tout s'emêle et se déchaine dans mon esprit embrumé. Au fond de mon coeur né une envie, accompagné d'un doute, d'une crainte, le désir du deuxième bébé est une contradiction permanente entre raison et sentiments.
La première grossesse évolutive à été tellement intense en émotion, unique, magique, j'avais la possibilité de ne vivre que pour cette grossesse, que pour ce bébé que je portais et avec qui j'étais déjà en fusion parfaite, pour qui je consacrais tout mon temps et toute mon attention, mais voilà, je le ressens, je le sais, la deuxième grossesse sera différente.
Mon amour de bébé est déjà là, et je redoute de lui voler sa place, de la blesser ou même de la trahir en lui imposant un petit frère ou une petite soeur.
Pourtant, on le sait, un jour, on franchira le pas et on se jetera à l'eau, mais je regrette l'insouciance de la primipare, qui vis naivement sa première grossesse. J'ai l'impression que le mythe de la maternité a été brisé en le vivant une fois.
La deuxième grossesse est, pour moi, tout de suite plus raisonnée, moins passionnée, parce qu'on n'est plus seuls, qu'on a vécu des mois de fatigue, d'angoisse, de bonheur intense et de fusion avec notre premier bébé et que je me demande comment, mais comment serait-ce possible d'aimer autant ?
J'ai l'impression que je ne pourrais pas aimer aussi fort et aussi vite un petit bébé que je ne connais pas encore et qui se logerait au creux de mon coeur. J'ai peur de moins l'aimer, de ne pas lui accorder toute cette passion dévorante et obsédante, toute cette attention minutieuse que j'ai pu avoir pendant ma première grossesse.
Mois faire attention, faire les choses différemment, parce qu'on sait déjà. Parce qu'on ne veut pas reproduire des erreurs de jeunes parents.
Vais-je allaiter ? cododoter ?
Tout se bouscule et je ne sais pas.
Le mari blaffard me regarde et ne dit rien. Lui aussi il a peur, il a encore du mal à trouver sa place avec Alice, trop fusionnelle avec sa maman. Un autre bébé pour lui qui a tant besoin de temps de loisir, c'est se tirer une balle dans le pieds et tenter de gravir l'Everest. Puis il regarde notre fille et sourit : Elle est tellement mignone ! On en ferait dix comme elle.
Mais seulement après avoir bien dormi.
On en parle sans se décider. Ca ne sera pas avant 2017, quoi qu'il en soit. On a du temps devant nous.
Et vous, la décision de bébé 2 a t'elle était facile à prendre ? Qu'est ce qui vous a décidé ?