Journée du deuil périnatal... pour nos étoiles qui savent rire
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Jusqu'à présent j'ai serré les dents, j'ai fermé les yeux, je me suis convaincue que rien ne c'était passé, que ce n'était pas grave, que je n'avais pas de raison de pleurer, que j'étais habituée et que rien n'était insurmontable.
Pourtant je me surprenais à me persuadée que j'étais encore enceinte, parfois j'ai même eu l'impression de le sentir bouger, je n'avais plus aucune raison d'y croire, j'ai lutté dans le dénis jusqu'à l'échographie ou j'ai vu l'utérus vide.
Cette fausse couche est différente.Plus facile parce que j'ai Alice, plus dur parce que j'ai Alice. Et quand je la regarde je pense à ces quatre bébés, à ses frères et soeurs qu'on ne connaitra jamais et je me demande comment ils auraient été, lui auraient ils ressemblé ? Et s'il était arrivé la même chose à Alice ?
Aujourd'hui, je me sens incomplète, j'ai l'impression de courir après des chimères sans nom ni visage, je cherche à m'occuper le plus possible, à remplir mes journées sans relâche, j'ai même voulu adopter un chiot et ma meilleure amie m'a regardé tristement en me demandant si c'était pour remplacer le bébé. J'ai secouée la tête avec énergie et j'ai bredouillé des arguments.
C'est absurde. Ça n'a aucun sens. C'est comme si j'avais besoin de matérialiser leur existence par n'importe quel moyen, comme une réincarnation (pourtant je n'y crois pas du tout.) je cherche à remplacer l'absence.
Je regarde mon bébé arc-en-ciel (c'est le nom que l'on donne au premier bébé que l'on a après une fausse couche) et mon coeur s'inonde d'amour pour elle, de reconnaissance et de tristesse. Le plus dur c'est de vivre se deuil seule.
De ne pas avoir de lieu d'expression, de ne pas pouvoir accorder de place ni d'importance à ces bébés partis trop tôt.
Mon mari ne réagit pas de la même façon que moi, il est plus détaché, pour lui rien n'est concret. Pour le reste du monde, c'est juste la nature qui fait sa sélection.
Mais pour moi, c'est l'ébauche d'une nouvelle vie qui s'éffondre, c'est mon coeur de maman qui grandit et qui se retrouve sans bébé au cou biscuiter à croquer.
C'est ce coeur qui grandi et qui explose de ne pas avoir tous ses enfants autour d'elle à qui distribuer son amour.
J'ai toujours voulu beaucoup d'enfants, au moins 4 voir 5. Techniquement, je les ai, ma prochaine grossesse sera la 6e et je tremble d'avance.
Je ne peux m'empêcher de me demander combien de fois je vais devoir encore vivre cette épreuve. Si toute ma vie je devrais passer par là pour avoir d'autres enfants. Si pour moi la mort est le chemin qui mène à la vie.
Mais ce qui me fait le plus peur c'est moi même, je suis hyper émotionnel, dans ma vie, il m'a parfois fallu de l'aide car je n'arrivais plus à gérer mes émotions, elles dévoraient mon existence et ne laissait plus de place au reste. J'ai mis dix ans à apprendre à les maitriser.
Mais combien de fausses couches vais-je encore pouvoir supporter ?
Et si la prochaine se passait mal ?
Jusqu'à présent je m'en suis toujours sortie sans curretage, sans opération et malgré une fausse couche hémorragique, j'ai eu de la chance, tout "ce passait bien" mais si la prochaine tournait mal ?
Je ne sais pas combien de fausse couche je pourrais encore supporter et pourtant il m'est impossible d'abandonner. Je me battrai jusqu'au bout pour avoir ma famille.
C'est tout ce que je souhaite le plus au monde, c'est ma raison de vivre.
Alors aujourd'hui, juste pour aujourd'hui, je pense à ces petites étoiles, et je m'autorise à pleurer, je m'autorise à être fragile et triste, je m'autorise à être en deuil sans avoir honte, sans culpabiliser, j'aurais tout le temps d'être forte demain.
Aujourd'hui j'allumerai toutes les bougies de la maison pour nos milliers d'anges qui rendent le ciel si beau et qui font rire les étoiles.
A nos amours perdus, A nos coeurs de maman qui saignent, à nos bébés.
Lo.
Une magnifique chanson sur le deuil périnatal